Oui, hiver doux (mais les Viêt ont froid quand ça commence à une vingtaine de degrés.
La région au nord de Ha Giang est de loin la plus époustouflante du pays ; la rater serait une grande erreur.
DBP est un grand détour ; c’est effectivement réservé aux passionnés ou curieux d’Histoire, sinon, c’est de nos jours une grande ville bétonnée sans intérêt touristique, la capitale économique de l’ouest du pays.
Comme vous y aller, voilà mes notes de voyage
À voir pour se rendre compte de l’insondable bêtise militaire des généraux français après que de Lattre soit mort et Salan parti ; comme l’a dit Bigeard, « C’est pas une cuvette, c’est un pot de chambre » ; Les fameuses collines, ce sont des buttes dont la plus haute, Eliane 2, ne doit pas faire 150 m de haut ; il ne faut pas être Napoléon pour comprendre, en voyant les hautes montagnes couvertes de jungle à quelques kilomètres, que les Viets allaient se cacher dedans et dominer de toutes parts nos positions. On se demande comment les Français (enfin c’est beaucoup dire, il y avait plus de 10 races y compris des Tahitiens et des Malgaches) ont pu tenir 57 jours de bombardement jour et nuit ! En fait, le scandale de la bataille est quadruple : les « Chefs » ont parachuté nos meilleures troupes, plus de 15 000 hommes, dans une cuvette au beau milieu d’une région complètement occupée par l’ennemi, donc sans aucune possibilité de les en sortir pour les ramener dans le Delta ; n’importe quel stratège, même en chambre, sait qu’on ne s’installe jamais dans une cuvette ou vallée sans occuper les montagnes qui l’entourent, ce que nous n’avons pas fait faute d’assez d’hommes, plus la belle arrogance de penser que les Viêt n’avaient pas d’artillerie et que, de toute façon, s’ils en avaient, ils ne savaient pas s’en servir correctement et on les détruirait par des tirs de contre-batterie, or, les Viêt le sont mis ans des tunnels, les sortaient pour tirer 3-4 coups, et les rentraient ensuite ; nous n’en avons détruit aucun. Pire, l’Etat Major français a été informé que le Vietminh amenait de l’artillerie lourde, et pratiquement ceux qui connaissaient ce que voulait dire se battre contre les viets dans la jungle signifiait ont tous donné le même avis : « évacuez tout par avion avant qu’il ne soit trop tard », mais l’Etat Major n’a rien voulu savoir ni écouter. En fait, Giap lui-même a écrit dans son livre sur la bataille que son artillerie était dirigée par des officiers chinois et que c’est sur leur conseil qu’il a enfouis tous les canons dans des grottes, donc indestructibles. Pire, quand la bataille a commencé à vraiment mal tourner, le commandement a purement et simplement abandonné les troupes à leur sort, pensant que ce n’était que quelques milliers d’hommes et qu’il en restait 2-300 000 autres. Ils ont simplement oublié que c’était les seules troupes – parachutistes, légionnaires, et Marocains - capables de se battre « à armes égales » contre le Vietminh.
Dien Bien, c’est l’incompétence des autorités locales du tourisme dans toute sa splendeur ! Aucune carte de DBP, même dans les grands hôtels ; évidemment encore moins de carte des sites de la bataille (et pourtant de nombreux touristes Viets les visitent !) ; personne à 10h du mat’ au soi-disant Office du tourisme (il faut d’abord le trouver vu que personne ne sait où il est), aucun panneau indicateur des sites de la bataille (ah si, un, et un rigolo pour le QG de De Castries : un panneau « Di Ca To Ri ») ; bon, pour le trouver, vous allez au petit marché le long de la rivière, traversez le pont en bois, allez tout droit et 1ère petite route à gauche.
Pour dormir, je me suis fait plaisir au nouvel hôtel A1 juste au coin de la colline du même nom ; bon, 500 000 D la nuit mais une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Un tas de nha ngi sur la rue Nguyen Chi Thanh, parallèle à l’avenue principale Nguyen Giap, avec également de nombreux petits restos ; DBP n’est pas un relais de gastronomes, ça en est déprimant ! J’ai fini par en trouver un correct (le 2 soir car le 1er ….) au No 12 Nguyen Chi Thanh, le Com Xo (recommandation : le poisson fumé frit).
À visiter à DBP :
Du champ de bataille, il ne reste rien à part le PC de de Castries et la colline Eliane 2 (appelée A1 par les Viets) à gauche du grand cimetière Viet, où les tranchées ont été reconstituées …en béton (même les sacs de sable sont en béton) + quelques tranchées sur d’autres collines…si on les trouve (par exemple du côté de Hin Lam, qui était le point d’appui Béatrice). Pas de cimetière français, mais une petite stèle à 100 m après le PC de de Castries (aucune indication), payée de sa poche par un ancien légionnaire, allemand en plus, que le gouvernement français a mis 35 ans à rembourser.
Un peu après la colline A1, nouveau musée de la bataille (dans un bâtiment rond assez curieux), très bien organisé ; nombreuses photos avec légendes en viet, anglais et français.
Les sites principaux : Eliane 2, Victory Monument (au sommet du point d’appui Dominique), le musée et le QG de De Castries ouvrent de 7h à 11h et de 14h30 à 18h.
A faire: le QG de Giap
A une dizaine de kilomètres avant Dien Bien, prenez à gauche au village de Na Nhan (2 larges panneaux bleus signalent en vietnamien le grand barrage et lac de retenue à 4 km de là). Une très belle route en lacets longeant en partie le lac vous conduit au village de Muong Phang (8 km de Na Nhan), prés duquel est enfoui le QG de Giap pendant la bataille. Il faut savoir que, pour juger de la situation en toute clarté, Giap n’a jamais mis les pieds à DBP pendant toute la bataille ; il étudiait la situation de Muong Phong au reçu des rapports de ses officiers. Visite intéressante. Après la visite, continuez la route et vous traversez 25 km de beaux paysages montagneux parsemés de petits villages thaïs pour arriver à Dien Bien. Un bien agréable - et instructif- petit détour.